MISSION MEMORIELLE de Benjamin STORA

ancienscombattantssaintviviendemedoc Par Le 05/01/2021

Le 24 Juillet  2020, le Président de la République Emmanuel Macron a confié à l’historien Benjamin Stora une mission sur « la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie » .

 

Monsieur STORA devait, avant la fin de l’année 2020 « formuler librement des recommandations » en vue de favoriser « la réconciliation entre les peuples français et algérien ».

 

Dans le cadre d’une démarche mémorielle, plusieurs associations d’anciens combattants, réunies au sein d’un Comité National d’Entente  , dont fait partie l’Union Nationale des Combattants, se sont étonnées de cette nomination, monsieur Stora étant connu pour ses écrits et ses prises de positions plutôt « pro-Algérie ».

 

Mais pour ne pas nuire à la mission qui lui a été confiée, le Comité national d’entente a souhaité rencontrer l’historien, pour connaitre le fond de ses intentions. Cette rencontre s’est déroulée le 8 Octobre 2020 dans de bonnes conditions intellectuelles.  

 

A l’issue de cette entrevue, le général (2s) Bruno Dary, président du Comité national d’entente, a adressé au Président de la République une lettre datée du 21octobre 2020 pour lui faire part de la démarche entreprise par le CNE et  proposer cinq suggestions, ceci dans le but de participer à cette mission mémorielle.

 

Ci-dessous copie de la lettre au Président de la République adressée par le CNE le 21 Octobre 2020.

 

 A ce jour nous ne connaissons pas les conclusions du rapport établi par monsieur Benjamin Stora.  

COMITE NATIONAL D'ENTENTE

des associations patriotiques et du monde combattant

Le Président president@saint-cyr.org Tel : 06 43 40 41 42

                                                                                                                             Paris, le 21 octobre 2020

                                                                                            Monsieur Emmanuel MACRON

                                                                                            Président de la République Française  

                                                                                            Palais de  l'Elysée 

                                                                                           55 rue du Faubourg Saint- Honoré

                                                                                           75008 PARIS                                                                                                                                                                                                                                                                                                             

Monsieur le President de la République,

Au mois de juillet dernier, vous avez souhaité confier  à M. Benjamin STORA, une étude au sujet de « la mémoire de la colonisation et de la guerre d' Algérie », dans le souci de favoriser « la réconciliation entre les peuples franc;ais et algerien ». Or, la grande majorité des associations présentes au sein du Comité National d'Entente (CNE) avait plusieurs raisons de s'inquieter de cette initiative :  en effet, pour ces associations, votre demande s'inscrivait dans la suite des propos tenus par vous­même, alors candidat,  sur la colonisation;  elle touchait  un sujet sensible, qui concerne  la«  tragédie » de la guerre d' Algérie,  qui, 60 ans plus tard  n'est toujours  pas apaisée; et alors qu'il existe en France la Fondation pour la Mémoire de la Guerre d' Algérie (FMGA), elle était confiée a Benjamin STORA, dont certains de ses écrits ou de ses propos avaient quelque peu terni sa réputation au sein de plusieurs de nos associations. Enfin, cette étude est en partie rattrapée par l'actualité dramatique des derniers jours en France....

Dans le souci d'apaiser et de clarifier le débat, j'ai pris contact avec Jui, en ma qualité de Président du CNE; nous nous sommes d'abord rencontrés en tête a tête, puis il a répondu favorablement  a notre invitation  de venir  nous expliquer sa demarche,  le jeudi 8 octobre dernier aux Invalides. Cette rencontre, placée sous le signe de lécoute mutuelle, s'est tres bien passée. C'est pourquoi,  j'ai  l'honneur  de  porter  a  votre  connaissance  les  suggestions   que  le  CNE  se  permet d'exprimer sur ce sujet sensible, « dans le but  de  trouver  des  points  de  passage  entre  nos  deux pays » pour reprendre les propos de M. STORA lui-même :

  • Enterrer   la  « guerre  des  mémoires»,   en  se  tournant   résolument   vers   l'avenir:   en effet, l'experience montre que toute conversation ou tout débat dérive souvent sur la colonisation, plus rarement sur la décolonisation, mais immanquablement sur la guerre d'Algérie et son lot de souffrances dans les deux camps. Le fait de regarder résolument vers l'avenir pour bâtir des projets  communs  permet  « d'enterrer  cette  guerre  des  mémoires»   ou,  éventuellement,  de confier cette histoire commune a quelques chercheurs algériens et franc;ais ;

  • Avoir un discours apaisé, qui doit traduire une volonté commune -  pour ne pas dire une bonne volonté commune - de dialoguer et de rechercher des sujets de cooperation, loin de toute ideologie ; a cet égard, la commission  actuelle sur les essais  nucléaires  peut être un exemple concret;

.../...

2./

  • S'appuyer sur la défense d'interêts communs en matière de politique entre nos deux pays: il existe au moins deux sujets d'actualité, où nos deux pays peuvent se retrouver: la lutte contre l'islam radical, qui fut en Algérie un combat interieur de presque 10 années; et une parole et une posture communes face aux tensions suscitées en Mediterranée Orientale et en Libye par la Turquie. II est certain que dans ces deux domaines les forces armées et les forces de sécurité de nos pays respectifs, qui possèdent des savoir-faire avérés en matière de coopération multilatérale, auraient un rôle central a jouer ;

      

  •     Faciliter le dialogue et les échanges entre nos deux communautés, ce qui pourrait se concretiser par le respect des morts,  en  permettant  aux harkis  de se faire   enterrer        sur la terre  qui les a vus naitre, en poursuivant la réhabilitation du cimetière Saint-Eugene a Alger, ou en oeuvrant ensemble pour rechercher les soldats disparus durant le contlit;

  • Enfin, pour faciliter ce rapprochement, on pourrait prendre une figure, a la fois légendaire et incontestée, comme parrain ou comme modèle, Albert CAMUS, cet écrivain français, né  en Algérie et passionné par sa terre natale. Il permettrait  d'apaiser  les  discours  partisans  qui  abîment les relations bilatérales franco-algériennes, qui enflamment les débats au sein de nôtre opinion publique, et qui créent des lectures contradictoires au sein de la communauté éducative .

 

En vous remerciant par avance de l'interêt que vous accorderez a cette correspondance, je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma haute consideration, ainsi que celle des présidents des associations membres du CNE.

                                                                                                                                                           Le Général d'armée (2s) Bruno DARY

Copie du courrier adressée  à :

  • Madame Florence PARLY, Ministre des Armées

  • Madame Geneviève DARRIEUSSECQ, Ministre déléguée, chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants

  • Général d'armée François LECOINTRE, Chef d'état-major des Armées

  • Amiral Jean-Philippe ROLLAND, Chef de l'état-major particulier du Président de la République